mardi 3 novembre 2020

Que se passe t-il si j'accepte ce qui est là ?

Si j'accepte de rester là un instant avec moi-même, de reconnaître ce qui est là en moi et peut-être même autour de moi en me disant intérieurement : OK, tu te sens triste, tendu, il pleut, tu es confiné...
Et me laisser sentir cette tension, cette tristesse, ce que provoque cette pluie ou ce confinement en moi...
Je reste simplement là, sans chercher à obtenir, gagner ou trouver quelque chose.
Etonnament, en me laissant sentir ce qui est là, je sens dans le même temps un apaisement intérieur. Et il est frappant, peut-être, de constater comment cet apaisement qui se développe en moi, me permet de résoudre dans le même temps ce qui me semblait compliqué alors. 
En me donnant la permission d'exister et d'être ce que je suis, je trouve ma liberté d'être libre au milieu du chaos. 
Et qui sait, peut-être vais-je libérer toute ma créativité pour envisager le vie, le monde, moi-même, tout à fait différemment. 

Karine Danan

jeudi 21 mai 2020

Les messages de nos parents ?!


Ces petites phrases pas si anodines :

-        -   Mange ta soupe, sinon le loup viendra te manger
-        -  Si tu le dis à maman, je t’arrache les yeux
-        -  Si tu ne viens pas de suite, maman te laisse ici
-        -  Les grands garçons, ça ne pleure pas
-        -  Quand on est une petite fille bien élevée, on ne répond pas
-        -  Met ton manteau, j’ai froid !


Il n’y a bien sûr pas que les phrases, mais également les comportements :

-        -  Le regard de tristesse de votre mère lorsque vous la laissiez seule.
-        -  Ce père qui pince les seins de sa fille en riant.
-        -  Cette mère qui lance un regard accusateur à son fils qui a fait pipi au lit.
-        -  Cet oncle qui met son doigt sur sa bouche après vous avoir abusé
-        -  Cette maîtresse qui vous tire les cheveux lorsque vous parlez en classe
-        -  Cette grand-mère avec du poil au menton qu'on vous oblige à embrasser

Tous ces moments qui paraissent souvent anodins aux yeux d’un grand nombre d’adultes ont souvent eu un impact important dans la vie des enfants et par voie de conséquences sur les adultes qu’ils sont devenus.
Ces comportements et ces phrases sont venus se loger dans nos états du moi comme des souvenirs, des croyances, des fantasmes qui colorent nos comportements d’aujourd’hui.

Lorsqu’un enfant entend : « Berthe aux grands pieds », il peut entendre : tu as de grands pieds et ce n’est pas OK, tes pieds sont moches, tu es moche, tu es différent(e) et ce n’est pas bien… Ce message va se loger dans son état du moi Parent (P1 le plus souvent).

Ce n’est pas le message qui pose le plus de problèmes parfois, mais ce que comprend l’enfant. 

Pour faire face au sentiment qu’il ressent, il va parfois prendre des décisions importantes : puisque c’est comme ça :

-        -  Je ne dirais plus rien
-        -  Je resterais petit
-        -  Je ne pleurerais plus jamais devant quelqu’un
-        -  Je ne ressentirais plus de plaisir
-        -  Je les ferais souffrir
-        -  Je ne marierais jamais
-        -  Je n’aurais jamais d’enfant

Ces décisions vont colorer les idées, les fantasmes, les émotions et les comportements de l’enfant, de l’adolescent et ce que va faire l’adulte de sa vie. Souvent devenues inconscientes à l’âge adulte, les grandes personnes ne soupçonnent pas que ce qui se passe dans leur vie est très dépendant des décisions qu’ils ont prises enfants et que ce qui leur arrive dépend grandement d’eux-mêmes.

C’est un difficile moment que de constater que nous sommes là où nous avions décidé d’aller enfant en réaction à ces phrases et ces comportements qui nous ont marqués. Il est également souvent difficile pour beaucoup de personnes d’en vouloir à leur parent, parce qu’au fond, l’Enfant sait que c’est lui et lui seul qui a engagé la décision.

« Je ne peux pas leur en vouloir, ils ont fait ce qu’ils ont pu »
« Vous savez à l’époque, c’était comme ça »
« Ma pauvre mère a tellement souffert… »

Rappelons quand même aux petits enfants des grandes personnes que nous sommes devenues, ou plus précisément à notre enfant intérieur, que ce n’est pas parce qu’on vous marche involontairement sur le pied qu’il faut serrer les dents en laissant son pied sous celui de l’autre ! Sauf si cette grande personne répond encore à un vieux message parental qu’elle a compris comme : Sois fort(e), Ne ressens pas, Ne dis pas ce que tu sens, Ne dérange pas, Fais des efforts…

Les grandes personnes ont des droits et des devoirs et les enfants également. Hélas, ces droits et ces devoirs sont si vagues que chacun peut les interpréter à sa manière :

-        -  Une bonne claque n’a jamais fait de mal à personne
-        -  Oh, mais, c’est elle qui a voulu se déshabiller devant moi
-        -  Il ne faut pas gâcher la nourriture
-        -  J’assure sa sécurité ! C’est pour cela qu’elle ne sortira jamais dehors
-        -  Je ne vois pas en quoi dormir avec ma fille de 10 ans est un problème !
-        -  La vie est dure, il fallait bien que mon père m’apprenne à me défendre…

Et vous, que vous disaient ou que faisaient vos parents quand vous étiez petits ou petites ? Qu’en avez-vous compris ? Et qu’en avez-vous conclu ? (Si vous souhaitez partager : c'est ici)

Exemple de Jeanne X : Quand j’étais petit papa me disait : dans la vie, on ne peut compter que sur soi. J’ai compris : sois-fort. J’en ai conclu qu’il fallait se débrouiller seul. Depuis, je ne demande rien à personne ! L’inconvénient, c’est que du coup, je suis très seul !
La bonne nouvelle, c’est que ces croyances et ces décisions sont toujours modifiables. En refusant par exemple de croire : le loup a bien autre chose à faire que me manger ! Et si vous êtes parent, il est toujours possible de revenir sur ce que vous avez dit : Tu sais quand je t’ai dit l’autre jour que le loup viendrait te manger. Je l’ai dit parce que j’étais en colère et ce n’est pas bien parce que j’aurais dû te dire : je me sens en colère d’avoir passé du temps à faire cette soupe et quand tu ne la finis pas j’imagine que c’est parce que tu ne l’aimes pas et alors je me dis que tu ne m’aimes pas, mais en vérité je ne suis pas cette soupe n’est-ce pas ?! Je t’aime que tu manges ta soupe ou pas, que tu sois en colère ou pas ! Et tu as tout à fait le droit de ne plus avoir faim ou de ne pas aimer ma soupe. Et puis, tu sais, en vérité, les loups ne mangent pas les enfants. Jamais ! Jamais ! Que tu finisses ta soupe ou pas…  

Remettre en cause ses croyances, c’est être prêt à accepter que la vie change. Comme pour tout changement, quand la vie devient belle par exemple, une phase de deuil s’engage et nous nous sentons parfois tristes ou en colère et cela est tout à fait « normal ». Certaines personnes préfèrent éviter cela parce que cela leur paraît trop difficile ou  interdit : c’est la vie ! Pourtant, c’est en faisant le deuil que l’on peut s’ouvrir à ce que l’on attend vraiment. La vie parfois nous fait des cadeaux simplement parce que nous étions prêts à les recevoir.

  
Illustration : Magaly Chazot-Ghanem

mercredi 15 avril 2020

L'antidote à l'impuissance

L'impuissance : Définition "1" du Petit Larousse :

"Manque de force, de moyens, pour faire une chose."

Ce manque de force, de moyens pour faire quelque chose peut être dû à :
- la méconnaissance de sa propre force, de ses propres moyens, de ses propres ressources
- la méconnaissance du changement possible de la situation, de l'autre ou de soi-même : par exemple, je ne peux changer quelqu'un qui ne souhaite pas changer.
- l'impossibilité physique ou matérielle que la situation soit changée : à ce jour, par exemple, il m'est impossible de changer le fait qu'il y ait un virus COVID-19. Je n'ai ni les connaissances, ni la technique... d'éliminer ce virus. Je ne peux qu'appliquer ce que la Loi m'impose et ce que les scientifiques préconisent. Je peux toutefois poser des questions, m'informer, réfléchir à des solutions.
- la méconnaissance des options possibles : parfois, nous ne voyons pas les solutions possibles.
- la méconnaissance du problème : si j'ai mal au ventre, mais que je ne sais pas ce qui provoque ce mal de ventre, il est probable que je sois limitée en terme de solutions.

Le sentiment d'impuissance vient de l'impossibilité de régler le problème, de changer ce que nous voulons changer ou faire ce que nous voulons faire. Soit parce que la situation est effectivement impossible à changer : je ne peux déplacer ce ravin qui se trouve devant moi (mais, je peux peut-être construire un pont avec de l'aide ou faire un détour). Soit parce que je ne me sens pas en capacité de changer, de faire, soit parce que je n'ai pas encore perçu le problème ou encore parce que je ne vois pas du tout le problème. Il se peut même que je n'ai pas envie de changer les choses (dans ce cas il est probable que je ne sente pas cette impuissance puisque je ne me sens pas dans l'impossibilité de changer quelque chose, ne souhaitant pas le changer).

L'antidote ?


Peut-être puis-je accepter que ce ravin soit là et bien là devant moi. Peut-être puis-je accepter que je ne sache pas voler et que je n'aie pas de pouvoirs magiques à faire disparaître ce ravin (toute-puissance). Je peux donc peut-être reconnaître mes propres limites à changer ce qui est extérieur à moi. Accepter mes limites et les émotions que cette impuissance provoque chez moi et chez les autres. Si je veux changer quelque chose chez l'autre et que l'autre ne veut pas ou ne peut pas, puis-je accepter l'impuissance de l'autre, la frustration que cela procure chez moi tout en acceptant mes propres limites, besoins ou envies. Si je dis non à quelqu'un qui veut quelque chose de moi que je ne veux pas lui donner, puis-je accepter que sa réaction lui appartienne (arrêter de porter la responsabilité des actes de l'autre).


L'antidote consiste à retrouver mon pouvoir personnel là où il est possible :
- quelles sont mes compétences ?
- quels sont mes besoins et mes envies ?
- parmi ces besoins, ces envies, ces angoisses, est-ce que je peux les satisfaire par moi même ? Avec l'aide de quelqu'un ou de quelque chose.
- puis-je agir seul pour moi-même ?
- qui peut m'aider ?

Je peux alors me donner le temps, l'espace et les moyens d'agir pour moi-même dans le respect de l'autre, sans avoir à changer cet autre ou cette situation si insatisfaisante pour moi.

La puissance, antidote à l'impuissance.

La puissance n'est pas le "pouvoir", "la domination", ni même le "commandement". La puissance, c'est cette capacité d'utiliser sa force, ses ressources, sa créativité, tous les moyens possibles. C'est la capacité d'être soi en acceptant ce qui ne peut être changé, ses limites et celles des autres ou celles de l'environnement. La puissance, c'est d'utiliser tous les possibles pour aller vers la réussite. Trouver la congruence entre ce que je suis, mes savoirs, mes compétences et mes limites, mes désirs et mes besoins confrontés au monde ou à la réalité de l'autre.

La puissance ne peut exister sans la protection et la permission que l'on se donne.

Je suis puissant(e) quand je me donne la permission d'être moi-même, en prenant soin de mes besoins et de mes désirs dans la limite de mes connaissances, de mes croyances, de l'autre ou de l'environnement.

Je suis puissant(e) quand je me pose à penser à ce que je peux faire pour franchir le ravin : construire un pont en trouvant les personnes compétentes pour m'aider - descendre dans le ravin avec le matériel nécessaire - faire un détour en me permettant de prendre mon temps - choisir un autre chemin en laissant le ravin où il se trouve - ...et vous que feriez-vous si vous utilisez votre puissance devant ce ravin qui vous sépare de là où vous voulez aller ?

Texte : Karine Danan
Photo : Magaly Chazot

dimanche 8 mars 2020

La capacité d'etre seul - Donald W. Winnicott - Notes et explications

Notes & explications sur un extrait de La capacité d’être seul – page 18-19-20

Winnicott, Donald W., La capacité d’être seul, Petite bibliothèque Payot, éd. 2015, extrait De la pédiatrie à la psychanalyse, 2e éd., Paris, Payot, 1989. 

La capacité d’être seul qui est traité ici est cette capacité de solitude, de liberté de « s’isoler sans s’enfermer ». Capacité d’être seul qui permet dans la relation d’être là avec soi et avec l’autre, libéré de la dépendance ou de l’empiètement de l’environnement (émotions des autres, bruits, humeurs, critiques…). « Selon Winnicott, l’enfant qui n’a pas acquis la capacité d’être seul – court le risque de s’isoler pathologiquement ou de développer une personnalité en faux-self (préface écrite par Catherine Audibert, psychologue et psychanalyste, auteure de L’incapacité d’être seul). 


Pourquoi l’enfant ne réussi pas à développer cette capacité d’être seul (avec) ? 

Voici quelques témoignages qui peuvent répondre de manière concrète à cette question. 

« Maman était dépressive, j’avais toujours l’impression de voir le néant dans son regard, comme c’est le néant en moi », « Ma mère a toujours été envahissante, pour mon bien selon elle, mais elle ne comprenait pas qu’elle atteignait mon intégrité », « Je crois que mes parents me laissaient pleurer des heures parce que je n’étais pas leur priorité, j’étais comme un poupon que l’on peut laisser sans manger », « ma mère me gavait comme on gave une oie. Je crois que ça explique pourquoi je ne sais jamais si j’ai faim ». 

D’un point de vue plus global, on peut dire que l’enfant n’a pas trouvé de réponse à ses propres besoins. Il a manqué de cette adaptation maternelle à ses besoins. Dans les cas les plus graves, il a pu rester sans regard, sans contact, sans nourriture affective, sans soin (excès de carences). Dans l’étude de René Spitz dans les années 40 des enfants en po, il montre comment l’enfant peut en arriver à se laisser mourir du manque d’investissement des « objets externes ». La mère, n’est pour le tout petit pas vraiment encore objet externe, mais objet interne, voir pas encore objet puisque faisant partie de lui au tout début de la vie. (L’objet peut être défini comme cette personne perçue comme distincte de moi, qui n’est pas la personne elle-même réelle , elle st ma représentation d’elle-même.) Dans cette situation l’enfant ne peut « faire l’expérience de sa vie personnelle ». 

Il est à noter, que la mère n’a pas nécessairement cette perception de ne pas répondre au besoins de l’enfant : « j’ai suivi le guide de l’enfant que j’ai acheté, je ne comprends pas ! », « ma mère a fait comme ça avec moi, donc je ne vois pas le problème », « je suis sa mère, je sais ce qui est bon pour lui »… Dans tous les cas, la mère pense faire au mieux, mais dans tout ces cas, elle fait en fonction d’elle et non de l’enfant lui-même. Qu’il est compliqué d’être mère !

Comment bébé réussi t-il a survivre ? 

Certains carences ne viennent pas du manque de nourriture ou de contact, mais du manque de stimulation. La mère au regard vie due à la dépression, ne permet pas à l’enfant de se refléter comme objet lui-même de la mère. Il ne voit dans ses yeux que le néant, néant qu’il intègre comme part de lui-même, dangereux, comme un gouffre qui l’aspire dans la dépression de la mère. Les bébé les plus vifs vont peut-être « prendre en charge l’humeur de la mère pour tenter de la rendre plus joyeuse et vivante » . 

Il peut également s’agir d’une maman qui a face à elle un bébé communicant, actif, ouvert, sensible, ayant besoin de beaucoup de soin, demandant beaucoup de contact ou de stimulation, ou encore un bébé qui parait autonome... Beaucoup par rapport à ce que la mère peut donner à ce moment là parce qu’elle est fatiguée, déprimée, surchargée, psychologiquement préoccupée… Les besoins et les manifestations de l’enfant vont lui paraître « trop ». « Il est trop exigeant, demandeur, vif… ». La mère face à « ces pulsions d’amour » se sent déstabilisée peut-être par ce qu’elle ne s’attendait pas à ça : « moi je croyais qu’un bébé ça mangeait et ça dormait, je n’avais pas imaginé qu’il me demanderait autant d’attention au début ! ». Alors la mère, déstabilisée, perdue, mal préparée, « répond de façon inappropriée » sans le vouloir. Elle peut devenir agressive avec ce bébé, excessive ou encore dévorante, intrusive ou abandonnante, absente. Tout est fonction de sa propre histoire et de ses possibilités. 
Le bébé n’a d’autre choix, s’il veut survivre, à s’adapter aux exigence de son environnement. Et le bébé est très doué pour cela. 

Une façon d’exister dans un monde hostile, négligeant, intrusif, insuffisant est de de se replier, s’isoler à l’intérieur de soi. De l’extérieur, il peut sembler complètement « adapté » au monde, c’est parce qu’il a réussi à développer un autre lui, un faux lui qu’on appelle le faux-soi ou faux-self. Parce qu’il lui ait impossible de montrer le vrai à cause du risque d’anéantissement qu’il imagine. Cette défense, ce mode d’adaptation, permet de protéger la part authentique, vrai du soi (le vrai self) qui se sent ou s’est senti menacé. Plus l’environnement a été, est et sera menaçant plus « la défense qui consiste à dissimuler » le soi secret, le vrai soi peut aller jusqu’à sa projection ou sa dissémination. 

De quoi a besoin le petit humain ? 

Demandez le lui, il vous répondra ! Quelque soit la traduction à apporter aux pleurs, au regard, aux mouvements de bébé, celui-ci a besoin d’un « environnement facilitant, simplifié par la mère, pour se développer et être assuré d’une continuité d’existence ». 

Je suis une maman, j’ai peur d’être une mauvaise mère, que puis-je faire ? 

Winnicott insiste sur le fait qu’une mère parfaite, n’est pas une bonne mère. Plutôt pas uniquement une bonne mère. Elle est à la fois frustrante et répondante. A moins d’avoir un traducteur des moindres mouvements internes et externes, conscients et inconscients de l’être humain, qu’il soit bébé ou adulte, il est impossible et non recommandé de répondre à tous ses besoins dès qu’il en a besoin. C’est l’erreur que beaucoup de maman font parce qu’elles cherchent à bien faire. Pour nous développer, nous avons besoin de répondre à nos besoins, mais pour que le besoin existe, il est nécessaire qu’il existe un lieu « sans », un manque ou une certaine frustration. Adaptée à la capacité psychique de l’enfant ou de l’adulte. L’enfant, l’adulte, va alors développer « son système immunitaire », ce qu’on appelle en psychologie le système défensif. Winnicott dans ce passage montre l’intérêt de ce système, c’est « le signe que l’enfant peut espérer conserver une individualité »

Comment différencier la pathologie du développement « normal » ?
 
Dans la pathologie, le système défensif se rigidifie. Le faux-self est « une mesure de protection, une stratégie de conformité, pour protéger le vrai self ». Nous avons tous un peu de faux-self et c’est protecteur. A l’école, au travail, dans la rue, dans de nouvelles situations, nous montrons une part de nous qui tente de s’adapter à l’environnement. Mais certaines personnes s’oublient jusqu’à ne plus exister en tant qu’elles-mêmes. Dans les cas les plus graves, elles s’interdisent d’être, de faire, d’aller, de dire non, d’aimer, de savoir, d’exister ….

Quelles sont les conséquences de l’incapacité d’être seul ?

Cela peut générer « chez certains des angoisses terrifiantes, proches de ce que Winnicott nomme « les agonies primitives » (ou « angoisses impensables »), c’est-à-dire les sensations archaïques de se morceler, de ne pas cesser de tomber, de ne pas avoir de relation avec son corps, de ne pas avoir d’orientation, d’être isolé complètement parce qu’il n’y a aucun moyen de communication. L’absence comme la présence de l’autre semblent produire sur ces sujets et en eux une sorte d’excès toxique qu’ils ne peuvent contenir et qui les déborde. Deux types de besoin s’imposent alors à eux : celui de la dépendance (où la solitude est exclue) et celui du repli (où l’isolement est un refuge) » p.23.

Petite  note supplémentaire pour réfléchir

« Sur la page de garde elle avait écrit : « Mon livre intime », et sur la première page : « Ce qu’un homme pense au profond de son cœur, tel il est. » Sa mère lui avait demandé : « Où as-tu trouvé cette pensée ? » C’était mal parce que cela voulait dire que la mère avait lu son ivre. Tout aurait été bien si elle l’avait lu, mais sans en parler. Nous avons là l’image d’un enfant établissant un self intime qui ne communique pas et qui, en même temps, désire communiquer et être trouvé. C’est un jeu élaboré de cache-cache dans lequel se cacher est un plaisir, mais n’être pas trouvé est une catastrophe ».p.89