mercredi 11 mai 2022

Recevoir un sentiment



Réceptionner un sentiment n'est pas toujours facile. La question est de savoir comment vous l'attrapez.  Comme un cadeau altruiste que l'on vous fait ou comme une injonction de vous soumettre aux injonctions que vous avez reçues. Dans le premier cas, si vous choisissez de recevoir,  vous ressentez la joie et la reconnaissance de ce cadeau que vous fait l'autre. Dans le deuxième, le cadeau devient un poids ou un poison. Vous ne percevez  plus alors le cadeau, mais les sensations et sentiments négatifs liés à vos peurs et celles que vos aïeux vous ont transmis.
Alors ? Quel choix faites-vous ? 

mercredi 19 janvier 2022

Le normal et le pathologique

"Il n'y a pas des  espèces humaines, des gens sains et des personnes malades; le pathologique éclaire le normal, il y a un continuum entre des attitudes apparemment loin des normes et ce que l'on peut attendre de sujets supposées normaux"1

Cela veut dire quoi ? 
Qu'il n'y a pas d'un côté le "normal" et de l'autre le "pathologique". L'espace entre les deux est un continuum qui va du normal au pathologique. Néanmoins, voir cela ainsi réduit ces deux notions à des contraires.

Pourtant, le "normal" ou la norme est en statistique la proportion majoritaire. Cela impliquerait que la majorité est donc la normalité et vice versa. "Je suis normal si j'appartiens à la norme, à la majorité". 
Le pathologique, en psychologie, relève du trouble psychique envahissant. On ne se place donc plus sur le continuum. Pourtant, l'on considère que si 80% des gens disent : ceci est une chaise. Celui qui y verrait un éléphant sortira de la norme et on pourra dire que sa perception relève de la pathologie. 

La norme permet le vivre ensemble. Ainsi, si tout le monde est d'accord pour dire que la chaise est une chaise, tout le monde se sent bien. Si, une minorité dit que cette chaise est un éléphant, on fera des statistiques pour savoir combien de personnes voient un éléphant dans cette chaise. Accrochez-vous, ce n'est pas fini. La minorité ne l'emportera pas sur la majorité et c'est la majorité qui sera considérée comme "normale".

 
Ce qui est normal à une époque, dans une culture, dans un groupe, peut ne plus l'être à une autre époque.
Par exemple : En 1910 il était considéré comme normal de laisser les bébés pleurer tant qu'ils pleuraient. En 2010, il est considéré comme anormal de laisser pleurer un bébé pendant des heures. Pourquoi ce changement ? Parce qu'on a compris au cours du siècle que laisser les bébés pleurer pendant des heures laissait des traces indélibiles (si cela arrive trop souvent).
Donc ce qui était "normal" a changé grâce à la recherche scientifique et à l'expérience phénoménologique issue des témoignages des anciens bébés, c'est à dire des enfants et des adultes.   
En dehors des universaux, c'est à dire ce qui est identique à toutes les cultures, tous les groupes et de tout temps, la normalité est basé sur des croyances. Ces croyances, perçues commme des vérités à un instant T, peuvent changer. Ce qui est "normal" ne l'est plus et vice versa.
 
Si vous vous demandez ; "est-ce que je suis normal ?", signifie en réalité : "J'ai besoin de savoir si j'appartiens à la norme." La question est donc : que se passe t-il pour vous si vous sortez de "la norme" ? En quoi cela peut être un problème ? Y a t-il des solutions pour résoudre ce problème, si problème il y a ? En l'absence de problème, c'est à dire de conflit interne ou social, vous pouvez donc vous dire : tout va bien même si je ne fais pas partie de la majorité ! 

Si voir un éléphant alors que les autres voient une chaise ne pose pas de problème, alors tout va bien ? D'une certaine façon, oui ! A condition de gérer ce qu'implique la différence dans un groupe. Si le groupe accepte votre perception et vous la leur, tout devrait bien se passer. Si vous n'acceptez pas leur perception ou qu'ils n'acceptent pas la votre, vous avez plusieurs solutions : apprendre à connaître et respecter vos différences, entrer en conflit, ou ne plus vous voir... A vous de choisir en fonction de vos besoins, désirs, objectifs et de ce qui est possible chez l'autre. La normalité n'existe pas sans l'autre alors que la pathologie se suffit à elle-même.

Bonne réflexion ! Si vous souhaitez donner votre perception ou poser une question, postez un commentaire. 

Karine Danan  
 

1 FREUD, Sigmund, Psychologie de la vie amoureuse, Petite biblio Payot (imp. 2020)