mercredi 15 avril 2020

L'antidote à l'impuissance

L'impuissance : Définition "1" du Petit Larousse :

"Manque de force, de moyens, pour faire une chose."

Ce manque de force, de moyens pour faire quelque chose peut être dû à :
- la méconnaissance de sa propre force, de ses propres moyens, de ses propres ressources
- la méconnaissance du changement possible de la situation, de l'autre ou de soi-même : par exemple, je ne peux changer quelqu'un qui ne souhaite pas changer.
- l'impossibilité physique ou matérielle que la situation soit changée : à ce jour, par exemple, il m'est impossible de changer le fait qu'il y ait un virus COVID-19. Je n'ai ni les connaissances, ni la technique... d'éliminer ce virus. Je ne peux qu'appliquer ce que la Loi m'impose et ce que les scientifiques préconisent. Je peux toutefois poser des questions, m'informer, réfléchir à des solutions.
- la méconnaissance des options possibles : parfois, nous ne voyons pas les solutions possibles.
- la méconnaissance du problème : si j'ai mal au ventre, mais que je ne sais pas ce qui provoque ce mal de ventre, il est probable que je sois limitée en terme de solutions.

Le sentiment d'impuissance vient de l'impossibilité de régler le problème, de changer ce que nous voulons changer ou faire ce que nous voulons faire. Soit parce que la situation est effectivement impossible à changer : je ne peux déplacer ce ravin qui se trouve devant moi (mais, je peux peut-être construire un pont avec de l'aide ou faire un détour). Soit parce que je ne me sens pas en capacité de changer, de faire, soit parce que je n'ai pas encore perçu le problème ou encore parce que je ne vois pas du tout le problème. Il se peut même que je n'ai pas envie de changer les choses (dans ce cas il est probable que je ne sente pas cette impuissance puisque je ne me sens pas dans l'impossibilité de changer quelque chose, ne souhaitant pas le changer).

L'antidote ?


Peut-être puis-je accepter que ce ravin soit là et bien là devant moi. Peut-être puis-je accepter que je ne sache pas voler et que je n'aie pas de pouvoirs magiques à faire disparaître ce ravin (toute-puissance). Je peux donc peut-être reconnaître mes propres limites à changer ce qui est extérieur à moi. Accepter mes limites et les émotions que cette impuissance provoque chez moi et chez les autres. Si je veux changer quelque chose chez l'autre et que l'autre ne veut pas ou ne peut pas, puis-je accepter l'impuissance de l'autre, la frustration que cela procure chez moi tout en acceptant mes propres limites, besoins ou envies. Si je dis non à quelqu'un qui veut quelque chose de moi que je ne veux pas lui donner, puis-je accepter que sa réaction lui appartienne (arrêter de porter la responsabilité des actes de l'autre).


L'antidote consiste à retrouver mon pouvoir personnel là où il est possible :
- quelles sont mes compétences ?
- quels sont mes besoins et mes envies ?
- parmi ces besoins, ces envies, ces angoisses, est-ce que je peux les satisfaire par moi même ? Avec l'aide de quelqu'un ou de quelque chose.
- puis-je agir seul pour moi-même ?
- qui peut m'aider ?

Je peux alors me donner le temps, l'espace et les moyens d'agir pour moi-même dans le respect de l'autre, sans avoir à changer cet autre ou cette situation si insatisfaisante pour moi.

La puissance, antidote à l'impuissance.

La puissance n'est pas le "pouvoir", "la domination", ni même le "commandement". La puissance, c'est cette capacité d'utiliser sa force, ses ressources, sa créativité, tous les moyens possibles. C'est la capacité d'être soi en acceptant ce qui ne peut être changé, ses limites et celles des autres ou celles de l'environnement. La puissance, c'est d'utiliser tous les possibles pour aller vers la réussite. Trouver la congruence entre ce que je suis, mes savoirs, mes compétences et mes limites, mes désirs et mes besoins confrontés au monde ou à la réalité de l'autre.

La puissance ne peut exister sans la protection et la permission que l'on se donne.

Je suis puissant(e) quand je me donne la permission d'être moi-même, en prenant soin de mes besoins et de mes désirs dans la limite de mes connaissances, de mes croyances, de l'autre ou de l'environnement.

Je suis puissant(e) quand je me pose à penser à ce que je peux faire pour franchir le ravin : construire un pont en trouvant les personnes compétentes pour m'aider - descendre dans le ravin avec le matériel nécessaire - faire un détour en me permettant de prendre mon temps - choisir un autre chemin en laissant le ravin où il se trouve - ...et vous que feriez-vous si vous utilisez votre puissance devant ce ravin qui vous sépare de là où vous voulez aller ?

Texte : Karine Danan
Photo : Magaly Chazot

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire