Comment découvrir son sentiment parasite ?
En se posant quelques questions :
Pensez à un ou une amie/collègue/proche... Dans quel sentiment est-il le
plus souvent ?
Est-ce que ce sentiment est souvent adapté à la situation ?
Que ressentiriez-vous à sa place ?
Quel sentiment ne l'avez-vous jamais vu montrer ?
Et vous ? Quel est le sentiment vous accompagne au quotidien ?
Quel sentiment vous ne montrez jamais aux autres ?
Quel sentiment avez-vous l'impression de ne jamais sentir ?
En repensant à votre
enfance
La colère
Lorsque j'étais enfant, est-ce que je me mettais en colère ?
Comment réagissaient mes parents quand je me mettais en colère ?
Est-ce qu'eux-mêmes se mettaient en colère ?
Qu'est-ce que je ressentais alors ?
Qu'est-ce que j'ai décidé alors à propos de la colère ?
Vous pouvez faire cet exercice avec les 6 émotions de bases (colère,
tristesse, peur, joie, dégoût, surprise) et quelques sentiments (culpabilité,
honte, jalousie...)
Voici un exemple (sur 4 émotions de bases - il y en a au moins 6 en
réalité) :
« Lorsque j'étais enfant,
j'avais souvent très peur. J'exprimais cette peur par des symptômes physiques
(asthme, énurésie, maladies chroniques), par des comportements (repli
autistique, automutilation, pleurs, mutisme...), des problèmes psychiques (dysorthographie,
difficulté de concentration et de mémorisation...) ou encore par des
cauchemars. On me rassurait pour mes cauchemars, mais pas pour la raison
sous-jacente à ceux-ci. Mes symptômes étaient mis sur le compte de bien des
choses sauf sur la raison évidente. J'avais donc toujours peur. Était-ce mon
sentiment parasite ? Non, ma peur était adaptée à la situation.
Je voyais mes proches
exprimer de la colère. Et cela me faisait peur. Lorsque j'exprimais de la
colère, je voyais que je blessais les autres. Cela me rendait triste et je
sentais de la culpabilité.
Chez moi, on cachait sa
tristesse.
Quant à la joie, elle
était présente et exprimable à volonté.
Qu'en ai-je conclu ?
Que la joie était
autorisée. Qu'il fallait garder sa tristesse pour soi, que la colère était mal,
et que la peur est insoluble.
Qu'est-ce que j'ai fait
: j'ai montré ma joie. J'ai caché ma tristesse et ma peur. J'ai éliminé ma
colère.
Mon sentiment parasite
était la joie. C'est une émotion que je pouvais facilement montrer et qui
rendait joyeux les gens autour de moi. Pendant longtemps, je souriais même en
parlant des drames, mais la plupart du temps j'évitais de parler de moi.
Mon sentiment interdit
était devenu la colère. J'avais supprimé la conscience même de cette émotion et
compensé en exprimant un sentiment autorisé : la joie ou plutôt une fausse
gaieté. Parce que le sentiment parasite sonne toujours comme quelque chose de
faux. Mais quand on est bonne comédienne, la plupart des gens n'y voient que du
feu (voir le faux-self). »
Ca à l'air plutôt bien vu comme ça !
Pas vraiment, car "derrière tout sentiment parasite, quelque faux
qu'il sonne, se cache des sentiments ou des perceptions réels, mais d'une autre
espèce, que la personne s'interdit de ressentir" ou de montrer. Cela a
pour conséquences que face à un problème, nous ne pouvons réagir avec
efficacité et nous pouvons nous mettre en danger. L'émotion authentique est une
aide précieuse pour trouver les actions efficaces à résoudre un problème. Avec
le sentiment parasite aux commandes, nos solutions ne sont pas efficaces.
Imaginez que vous ayez un sentiment parasite de joie. Si on vous marche sur
le pied, vous allez sourire. Cela ne vous permettra pas de demander à la personne
d'enlever son pied du vôtre. Grâce à l'émotion authentique de surprise, de peur
ou de colère vous pourrez retirer votre pied ou dire à la personne avec fermeté
: Pouvez-vous enlever votre pied du mien ?
Lorsqu'on découvre son sentiment parasite, on voit apparaître le sentiment
authentique qui était caché derrière. Cela n'est pas toujours agréable.
Logique, car si on l'a caché c'est justement parce qu'il était difficile à
ressentir ou difficilement exprimable.
Comment obtenir un sentiment parasite ?
De l'interdiction de la colère au sentiment parasite de joie dessin réalisé avec http://stripgenerator.com |
1. Interdire clairement le
sentiment ou l'émotion :
Ne te met pas en colère, ne sois pas triste, tu es fou d'être en colère,
comment oses-tu être jaloux avec tout ce que je fais pour toi, quand on est un
homme on ne pleure pas, les grands garçons sont forts, les petites filles sont
souriantes...
L'enfant se dit alors :
- je ne peux pas sentir ce que je sens
- je ne peux pas exprimer ce que je sens
- je n'ai pas moyen de faire face à ce que je sens
L’enfant entend cela comme une injonction : Ne sens pas, n’exprime pas
ce que tu sens, ne sois pas un enfant…
2. Faire peur
Être violent avec un enfant en colère, mordre un enfant qui mord, frapper,
humilier, se moquer, faire de l'humour : ah ah ! Le petit crocodile qui pleure.
Dire des phrases toutes faites : Jean
qui rit, Jean qui pleure. Faire des remarques : cet enfant est toujours en
colère. Donner des explications qui n'ont pas de sens : tu pleures parce que tu
as été méchant. Minimiser : il y a des choses bien plus graves dans la
vie...
3. Ne pas montrer et nommer
ses émotions à l'enfant
Je vais bien (alors que l’on pleure)
4. L'ignorance
Ne pas répondre aux émotions ou
sentiments de l'enfant ou le détourner de son émotion en lui demandant de
penser à autre chose : regarde le petit oiseau !
Passe-moi le sel !
5. Culpabiliser l'enfant
Montrer sa peine quand l’enfant exprime une émotion. Lui dire que ce n’est
pas beau du tout d’être en colère/triste…
Le sentiment parasite, une fois installé permet l'expression détournée du
sentiment authentique. Par exemple, l'anxiété est une manière d'exprimer de la
peur, de la colère, du dégoût, de la tristesse sans l'exprimer. Cela veut dire
que l'énergie est bien libérée, mais comme la réponse apportée ne répondra
probablement pas à la cause, la personne restera avec une insatisfaction et un
besoin continuel de présenter le sentiment parasite en désespoir de
cause.
Comment retrouver le sentiment authentique ?
Pour retrouver le sentiment authentique, il s'agit de se demander ce que
ressentirait un enfant (mon fils, ma fille, ma nièce, un enfant en général) dans
cette situation.
Par exemple, dans cette situation j'exprime mon sentiment parasite de peur.
Pourtant quand je raconte la situation, les gens me disent être en colère. Si
je me demande : et si cela arrivait à ma fille, quelle serait l'émotion la plus
adaptée à la situation ? Si je réponds la colère, il est probable que ma peur
est là pour cacher ma colère inexprimable. Je devrais donc faire un travail
autour de la permission à sentir ma colère et apprendre à l'exprimer (sans
violence). Je devrais développer mon sentiment authentique sans m'interdire de
sentir le sentiment parasite (il m'a quand même bien servi jusque-là !). Cela
nécessitera, pour la colère, de commencer par de petites colères en exprimant
par exemple ma frustration : j'aurais préféré des pâtes plutôt que des choux de
Bruxelles. Je pourrais apprendre à demander : je voudrais des pâtes et à mettre
des limites : je ne veux pas de choux de Bruxelles. Petit à petit mon
sentiment parasite laissera la place au sentiment authentique.
Se débarrasser de son sentiment parasite n'est pas chose facile, mais cela
est possible. Cela implique également de voir les enjeux relationnels qui sont
liés au sentiment parasite. Si du jour au lendemain j'exprime ma colère.
Comment va réagir mon entourage ? Comment vais-je faire comprendre aux autres
que j'ai le droit d'exprimer ma colère qu'ils soient contents ou non ? Comment vais-je
gérer ce que ma colère va provoquer ? Suis-je capable de prendre cette
responsabilité sans culpabilité mal placée ?
Une aide extérieure peut nous aider à trouver notre sentiment parasite et nous
en débarrasser parce qu'un observateur peut sentir ce qui se passe en lui et
comparer ses sentiments aux nôtres. Le décalage émotionnel peut indiquer que
l'un des deux exprime un sentiment parasite. La discussion permet souvent d'y
voir plus clair.
L'observateur peut caresser le sentiment authentique d'une personne pour
lui permettre de le développer : quand tu dis ta colère cela m'aide beaucoup,
je suis touchée positivement que tu montres ta tristesse, cela m'amène à penser
que tu me fais confiance et j'en suis honorée, je me sens utile de pouvoir te
rassurer quand tu as peur...
L'observateur peut aussi contenir l'émotion : je comprends ta colère/ta
tristesse... C'est OK de l'exprimer. Je suis là et je t'écoute. Est-ce que je
peux faire quelque chose pour toi ?
Le sentiment parasite est un parasite qui se nourrit sur notre dos. Il nous
apporte une fausse protection en échange de la nourriture que nous lui
apportons. À utiliser avec parcimonie à moins que l'on préfère rester dans
notre problème.
Karine Danan - Notes et développements à partir de l'article de Fanita English - Les mécanismes de substitution des sentiments-parasites aux sentiments réels - A.A.T n°7 p.108-113
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